Dobet Gnahoré, voix féminine d’Afrique

L’Afrique a ses voix féminines internationalement reconnues, et celle de Dobet Gnahoré l’a marquée de son empreinte. Avec « MIZIKI », l’Ivoirienne aux multiples talents fait résonner des sonorités africaines mêlées de samples électroniques, un subtil mélange qui dévoile une musique à son image, libre. Libre de faire un cinquième album où la modernité se nourrit, s’embellit, se dynamise de tradition et d’héritage. Inspirée par ses voyages au quatre coins du monde (plus de 800 concerts depuis 2004), Dobet partage sur cet album un nouveau pan inédit de sa personnalité. Quatre années auront été nécessaires à la composition de « MIZIKI », sans doute son album le plus audacieux, personnel et abouti. Un album rendant hommage aux deux principales causes qu’elle porte : l’Afrique riche, généreuse et unifiée et la force des femmes africaines. Porte-étendard d’une nouvelle génération africaine audacieuse et déterminée, Dobet célèbre dans ses paroles et sur scène la femme vaillante, bienveillante et altruiste.

Auteur, compositeur et interprete, Dobet a confié la réalisation de « MIZIKI » à Nicolas Repac (Arthur H, Mamani Keita, Republica Ideal de Acapulco). Cet album est donc l’aboutissement du métissage de ces identités : Dobet aime les musiques d’Afrique (Yemi Alade, Miriam Makeba, Brenda Fassie) mais se délecte tout autant de Björk ou Christine and the Queens… ce qu’a très bien saisi Nicolas Repac. Fidèle aux langues d’Afrique (il y a 72 dialectes en Côte d’ivoire), elle se concentre pour cet album sur sa langue maternelle le Bété. Dobet passe sans aucun doute un cap dans lequel elle s’affranchit des étiquettes pour pointer au plus juste sa plus sincère et franche émotion. « Je veux faire rêver les gens en demeurant une artiste libre », mission accomplie, charme et mélodie en prime.

Née loin de la ville, à six ans elle retrouve à Abidjan son père, maître-percussionniste reconnu, qui a contribué à fonder le village de Ki Yi M’bock où il vit alors. Lieu d’une expérience utopiste, on y travaille dès 5h du matin : musique, danse, théâtre tout y passe pour y devenir pleinement un artiste. Dans ce village se croisent toutes les nationalités et les stars africaines viennent y humer l’émulation ambiante : Ray Lema, Youssou N’Dour, Salif Keita, Lokua Kanza sont des habitués. Dobet va faire ses armes dans ce lieu unique à force de travail et d’observation. La rencontre du guitariste Colin Laroche de Féline fera le reste et l’emmènera vers le chant et en France en 1999.

Poussée par d’anciens « kyistes » et en particulier l’autre femme forte d’Afrique, Angélique Kidjo, Dobet va commencer à maquetter, à façonner sa voix « Un peu spéciale, très forte, capable de passer des aigus aux graves… » Et tomber dans l’oreille du label belge Contre-Jour avec qui elle réalisera quatre albums. Après des années de tournées, elle confesse: « Quand je ne voyage pas, je déprime ». En 2010 par la voix d’India Arie, Dobet remporta un Grammy Award. La même année, le journal The Guardian sacre sa performance « meilleure prestation du festival WOMAD ». La jeune fille de Ki Yi M’bock poursuit son ascension avec « MIZIKI ». Dobet affirme entièrement pour la première fois son rôle de compositrice, commençant par la mélodie, elle accouche de petites phrases musicales qui vont droit au cœur « Je compose seule, parce que j’ai envie d’épouser ma création pour la donner au public ». Sans tomber dans la musique à danser, sans oublier ses traditions, mais avec l’appui de Nicolas Repac, elle livre un album plus électronique par ses samples et ses sonorités. « MIZIKI » puise ses racines dans « La boule de feu » qui est en elle. Ses mots sont simples, directs et donc universels. “Akissi“ parle de la rebelle qui sera toujours en elle, “Miziki“ de son amour pour la musique, “La clé“ d’un amour perdu (et d’un autre retrouvé), « Education » indispensable à l’émancipation.

( source : Dobet-gnahore.com )

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